Quelles sont les pratiques de soins verts ?
Il existe en Wallonie une panoplie de pratiques améliorant le bien-être grâce à la nature : les mouvements de jeunesse, des balades ornithologiques, l’usage de plantes médicinales, la participation à un potager communautaire, le soin de plantes d’intérieures, etc. Toutes ces expériences dans ou avec la nature procurent, pour la majorité des participant.e.s[1], un certain bien-être. Face à cette multiplicité d’expériences dans et avec la nature, que regroupent les « soins verts » ? Toutes les expériences en et avec la nature sont-elles à considérer comme des soins verts ? Probablement pas car les objectifs visés, l’encadrement des activités et les publics ciblés ont une importance et délimitent la frontière entre « santé » et « bien-être ».
Une tentative de classification
Parmi ces expériences en nature, il peut y avoir des pratiques de préservation de l’environnement ou d’éducation relative à l’environnement, encadrées par des naturalistes ou des animateurs.trices nature qui sensibiliseront à la préservation des écosystèmes, tout en (dans le cas de l’ErE), développant des « savoirs-êtres » citoyens grâce à l’environnement. Ceci peut être très plaisant et avoir un effet thérapeutique (vous vous sentez bien lors des balades naturalistes) mais ces pratiques n’ont pas vocation à améliorer votre santé.
De même, vous pouvez participer de manière ponctuelle et en toute autonomie à des marches adeps, des expériences de bain de forêt, passer votre après-midi dans votre potager, … tout ceci est très plaisant également et relève du bien-être. Cela a évidemment un impact sur votre santé, mais à moins que ce soit prescrit par votre médecin[2], les objectifs restent, par exemple, le loisir et la détente.
Les soins verts débutent avec les pratiques de promotion de la santé[3] : des activités en nature, principalement collectives, encadrées par des professionnels.le.s, destinées à des publics plus précarisés où les objectifs visent la sensibilisation aux bienfaits de la nature sur la santé humaine. La nature devient un moyen et la santé humaine l’objectif.
Viennent ensuite les pratiques de prévention dans et avec la nature : des activités en nature, principalement collectives, encadrées par des professionnel.le.s de la santé, destinées à des publics plus précarisés à risque de développer une pathologie spécifique où les objectifs visent la prévention de cette pathologie, ou son aggravation.
Enfin, les pratiques de thérapie assistée par la nature : des activités, individuelles ou collectives, encadrées par des professionnel.le.s de la santé (kinésithérapeute, psychologue, psychiatre, etc.) qui visent le soin curatif des personnes présentant des pathologies ou troubles précis.
Les chercheurs suĂ©dois Annerstedt et Währborg (2011), dĂ©limitent ces pratiques aux « interventions visant Ă traiter, accĂ©lĂ©rer la guĂ©rison et/ou rééduquer les patients atteints d’une maladie ou d’un Ă©tat de santĂ© dĂ©ficient, avec le principe fondamental que la thĂ©rapie implique des plantes, des matĂ©riaux naturels et/ou l’environnement extĂ©rieur ». L’approche est donc curative.
Schématiquement, tout en reconnaissant le bien-être que toute activité puisse apporter, nous pourrions classer les expériences dans et avec la nature comme suit :

Une première définition wallonne
Le petit groupe de rĂ©flexion wallon autour des soins verts (rĂ©seau « soins verts ») propose dès lors la dĂ©finition suivante : les soins verts regroupent les dispositifs de promotion de la santĂ©, de prĂ©vention ou thĂ©rapeutiques se dĂ©roulant en interaction avec l’environnement naturel et dont l’objectif est de soutenir, promouvoir et amĂ©liorer la santĂ© physique, mentale et/ou sociale des personnes qui en bĂ©nĂ©ficient.Cette dĂ©finition reste Ă prĂ©ciser et consolider au niveau europĂ©en.
Avec cette définition large, nous recensons en Wallonie diverses pratiques de soins verts : la sylvothérapie (médiation par les forêts), la zoothérapie (médiation par l’animal), l’hortithérapie (médiation par les jardins communautaire ou de soins et le maraichage), l’agriculture sociale (médiation par les fermes en activité), la prescription de nature, et la walking thérapie (et autres formes d’écothérapie).
Les noms utilisant le terme « thérapie » suscitent le débat et font grincer des dents le secteur de la promotion de la santé (qui n’a pas d’objectif thérapeutique). Par exemple, l’hortithérapie, qui s’appuie sur les jardins et les potagers pour améliorer la santé, couvre un éventail de pratiques bien plus large que celui de la thérapie, notamment de la prévention et promotion de la santé. Pourtant, des termes comme « Tuintherapie en therapeutische tuinen »[4], « therapeutic gardening »[5] se sont imposés doucement chez nos voisins européens ainsi qu’outre-Atlantique[6][7], et ce, dans une conception large de l’hortithérapie englobant la promotion et la prévention. L’utilisation du terme « hortithérapie » en Wallonie, malgré le flou engendré, permet de créer des ponts avec les pratiques voisines et de partager les expériences. A défaut d’autres termes rassembleurs, les termes d’hortithérapie, zoothérapie, sylvothérapie, etc. restent donc utilisés, dans une conception large de la santé.
[1] En effet, comme le dit bien Charlotte Breda lors du colloque d’avril 2025 face Ă l’idĂ©e d’une nature romantique et intrinsèquement ressourçante : « ce goĂ»t pour le paysage est une construction culturelle qui s’est dĂ©veloppĂ©e en Europe Ă la Renaissance – une vision ethnocentrĂ©e et occidentale ». Certaines personnes peuvent avoir des expĂ©riences traumatiques liĂ©es Ă la nature, ou simplement ne pas connaĂ®tre ses « codes », et se sentir mal Ă l’aise ou en insĂ©curitĂ© dans les espaces verts.
[2] Voir notamment Kodama : https://www.facebook.com/profile.php/?id=61576251040712
[3] Pour mieux cerner les stratégies et objectifs de la promotion de la santé : https://www.fwpsante.be/ et https://www.fbpsante.brussels/promotion-de-la-sante/
[4] https://terra-therapeutica.be/
[5] https://www.ecotherapyheals.com/types-of-therapeutic-gardens/
[6] https://quebecvert.com/dossiers-strategiques/sante-publique/hortitherapie/
[7] https://www.htinstitute.org/