Un jardin pour Mineur.e.s non accompagné.e.s

Depuis 2022, Therra accompagne le centre « Les Hirondelles », qui accueille à moyen terme des jeunes en situation d’exil de moins de 18ans, non accompagné.e.s.

« Alors, ce qui serait top, ce serait de récupérer un espace pour des poules, puis de mettre une serre pour les tomates, et enfin, des planches de culture pour les légumes de saison ! » nous relate un animateur lors d’une première rencontre.

« Oui d’accord, cela fait sens pour toi, animateur. Mais qu’est ce qui fait sens pour les jeunes ? Qu’est ce qui les poussera à sortir et prendre l’air ? A s’intéresser au monde naturel ? Et avez-vous assez d’énergie en équipe pour prendre en charge un mini élevage de poules ? » C’est ici que la facilitation de Therra prend son sens : comment concevoir et implémenter des projets jardin qui soient adaptés aux publics cibles, tout en étant dimensionnés aux forces humaines et ressources financières disponibles !

Dans le cas de Assesse, après mini-enquête, les jeunes apprécient un salon extérieur pour papoter et tirer quelques bouffées de nicotine, des fleurs pour agrémenter l’intérieur de bouquets, des plantes aromatiques comme la menthe et la coriandre, et quelques légumes et fruits simples comme le concombre ou les groseilles. La serre est installée stratégiquement pour être vue de l’intérieur et susciter l’envie d’y faire un tour (et d’arroser ou récolter les plants!). Le défi ? Encourager les jeunes à aider Julien lors des chantiers ! L’aide de l’animatrice responsable du jardin est bien utile !

Julien témoigne : « Je passe une après-midi par mois au jardin des Hirondelles. C’est toujours un plaisir de retrouver l’équipe d’encadrement, accompagnée de plusieurs jeunes. Ceux-ci peuvent sortir de l’enfance ou en fin d’adolescence, venir d’Érythrée, d’Afghanistan ou d’ailleurs; on se retrouve alors pour prendre soin d’un lieu. Installer une mare, désherber les fraisiers, planter des concombres… Au delà d’une expérience du jardin et du dehors, ce sont des gestes qui leur permettent de réellement s’ancrer, d’habiter l’endroit et de se stabiliser pour un temps. Et on constate que ça marche ! Entre les animations, la menthe et les fraises disparaissent, les tabourets en rondins (petit salon extérieur) laissent voir des traces de passage et d’utilisation ; Carine m’a même raconté que certains jeunes voulaient arracher les miscanthus plantés quelques mois plus tôt, sous prétexte que dans leur lieu d’origine, c’était considéré comme des mauvaises herbes! »

Que retenir ?

1. Implémenter un jardin à visée sociale ou de soin, dans une dynamique participative est un travail de longue haleine, qui demande une récolte des besoins et attentes en amont.
2. S’entourer d’une équipe de terrain motivée est une étape indispensable (pensée pour Carine en écrivant cet article!)
3. En tant que professionnel.le.s, il est nécessaire parfois de faire tomber certaines idées préconçues sur le jardin afin de se placer au plus proche des besoins et conceptions de la nature des publics cibles

Un travail de longue haleine, porté par notre animateur Julien. Un design adapté aux envies des jeunes et des chantiers participatifs réguliers ! Petit retour en images ! (Le jardin a été implémenté de manière participative, mais compte tenu du rapport sensible à l’image, vous ne verrez pas beaucoup de jeunes sur ces dernières).