Des jardins en prison ?
« Les jardins permettent de maintenir vivaces les capacitĂ©s dâapprentissage des personnes dĂ©tenues, leur curiositĂ©
et leur crĂ©ativitĂ©, et de dĂ©velopper des compĂ©tences transfĂ©rables, Ă la sortie, dans dâautres activitĂ©s. »
Extrait du Livre Blanc « Des jardins pour les prisons »
En agissant sur diffĂ©rents dĂ©terminants de la santĂ©, en favorisant l’estime de soi et en crĂ©ant un lien « dedans-dehors », les jardins collectifs en milieu pĂ©nitentiaire ont un rĂ©el pouvoir tant sur la promotion de la santĂ© que sur le parcours de rĂ©insertion sociale.
« Les avis sont unanimes : il est urgent de se pencher sur la problĂ©matique des conditions de dĂ©tentions des personnes privĂ©es de libertĂ© (Amnesty, 2023 ; Conseil de lâEurope, 2022 ; WHO, 2014). Autrement dit, si rien nâest fait, le fossĂ© des inĂ©galitĂ© sociales de santĂ©, dĂ©jĂ prĂ©sentes chez les personnes dĂ©tenues Ă leur entrĂ©e en prison, va se creuser dâavantage et la sociĂ©tĂ© toute entiĂšre en paiera les consĂ©quences (ONU, 2019) Or, la participation aux potagers collectifs en prison donne la possibilitĂ© dâattĂ©nuer les inĂ©galitĂ©s en matiĂšre de santĂ©. Pour y parvenir, un changement de paradigme est nĂ©cessaire et ce, afin dâatteindre une vision holistique et positive de la santĂ©, comprenant le bien-ĂȘtre et les habilitĂ©s nĂ©cessaires Ă la rĂ©insertion (Devine-Wright et al., 2019). » conclut Laetitia Callebaut en 2023 dans son mĂ©moire sur la question.
En France, lâAssociation Nationale des Visiteurs de Prison (ANVP) et Green Link ont rĂ©alisĂ© une enquĂȘte nationale auprĂšs d’une trentaine de jardins en prison. Leurs conclusions sont trĂšs positives. Les jardins dans des lieux d’enfermement et de d’exclusion sociale permettent d’amĂ©liorer la qualitĂ© de vie, et plus prĂ©cisĂ©ment de :
- De favoriser la réinsertion en proposant un outil « dedans-dehors » : développer en prison des compétences utiles en dehors
- De rĂ©duire le stress et l’anxiĂ©tĂ©, tout en rĂ©duisant la prise de mĂ©dicaments
- D’amĂ©liorer l’Ă©tat de santĂ© physique (notamment condition physique)
- D’amĂ©liorer les compĂ©tences relationnelles et donc la solidaritĂ© et le lien social
- D’augmenter le respect envers l’environnement et les autres
- D’augmenter le sentiment de responsabilisation face Ă un projet commun
Selon Charles-Edouard Lambert, permettre aux dĂ©tenus de travailler la terre Ă©tait vu comme un outil particuliĂšrement pertinent pour favoriser la rĂ©insertion sociale. Cela Ă©tait d’ailleurs pratique courante dans les prisons françaises jusquâau 19Ăšme siĂšcle. Ces pratiques ont quasiment disparu au 20Ăšme siĂšcle, avec une suppression des espaces verts au sein des Ă©tablissements. Cependant, le 21Ăšme siĂšcle pourrait redorer lâimage des jardins en prison en redonnant Ă ces jardins leur place dans la rĂ©insertion socio-professionnelle, l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de vie en institution et, face aux dĂ©fis climatiques, dans la sensibilisation Ă la prĂ©servation de lâenvironnement.
Envie d’en savoir plus ?

Retour d’expĂ©rience sur le jardin en prison Ă Hasselt, en Flandres chez Terra Therapeutica : https://terra-therapeutica.be/?page_id=3283
Retour d’expĂ©rience en France : https://plusdevertlessbeton.com/monter-un-projet-jardin-en-prison-2
Laetitia Callebaut (2023) « Les jardins collectifs : levier potentiel pour la promotion de la santĂ© dans le milieu carcĂ©ral belge? Ătude du cas de Vent Sauvage » https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/object/thesis:41255
Charles-Edouard LAMBERT (2023) « Hortithérapie en milieu pénitentiaire : quelle place pour les équipes soignantes de psychiatrie ? » https://f-f-jardins-nature-sante.org/wp-content/uploads/2023/07/Memoire-DU-LAMBERT-Ch-Edouard.pdf
L’image de design de jardin publiĂ©e est tirĂ©e du site de nos voisins Terra Therapeutica